J’aurais aimé tondre mémé,
Le teuton qui l’a bien aimé
A laissé son petit grain d’sel
Dans l’tiroir à polichinelles.
Celui qui deviendrait mon père
Est né un matin d’après-guerre,
On l’a r’filé à l’assistance ;
Papy faisait d’la résistance ! Papy faisait… d’la résistance !
En ce temps là, les blondinets
Aux yeux clairs, au teint calciné
On leur tapait pas sur les cuisses,
On l’avait surnommé « le fritz ».
Y avait des ritals, des ruskov,
Des espingouins, des gars du golfe,
La milice bien intentionnée
Des enfants de la liberté… Des enfants de… la liberté.
Mon père à payé pour ses pairs
Et pour son putain d’caractère.
Mais comme il était dur au mal
On lui a vite montré l’portail.
C’est une fermière qui l’a marié,
Aux bras courtauds, plutôt musclés.
Y avait b’s’oins d’main d’œuvre ouvrière
D’rentrer l’foin après la prière… d’rentrer l’foin a… près la prière.
Y f’sait chabrot avec le schnaps,
Crachait dès qu’on parlait du pape,
Me prenait pour un punching-ball
M’disait qu’ça sert à rien l’école.
Un jour j’ai fait mon baluchon,
Tout cabossé du cabochon.
J’ai jamais plus donné d’nouvelles
Jusqu’à ce jour, devant la stèle ! Jusqu’à ce jour… devant la stèle !
J’aurais aimé que mon histoire
S’accroche un peu plus à l’espoir.
J’aurais aimé qu’on m’aime un peu
Mais même un peu, y a eu non-lieu ! Mais même un peu… y a eu non-lieu !