Derrière quel mur s’en vont les veuves Faire le deuil des amours défuntes ? Loin du tumulte de nos fleuves Bien solitaire est leur complainte.
Combien de larmes sanctifiées Sur l’autel noir du temps qui passe Avant que sainte volonté Brise les scellés de l’impasse. Les veuves… les veuves… sous la coulée du destin… Les veuves… les veuves… n’ont plus le cœur au festin.
Quel est ce ténébreux sentier Où l’innocence et la lumière Ne semblent plus vouloir aller Que pour y mordre la poussière. Les veuves… les veuves… respirent entre chaque geste. Les veuves… les veuves… ne sont que moitiés qui restent.
Combien de cernes identiques Soulignant les nuits sans sommeil Avant que ne renaisse, oblique, Un pâle rayon de soleil. Les veuves… les veuves… penchées sur un vieil album… Les veuves… les veuves… apprivoisent des fantômes.
A quel ailleurs suspendre un rêve ? Les horizons tant se dérobent Les jours après les jours se lèvent Bariolés des tourments de l’aube. Les veuves… les veuves… nues sous leurs masques de rides… Les veuves… les veuves… contemplent ce fauteuil vide.
Combien de saisons pour comprendre… Accepter cette infirmité ? Ces jours étranges au goût de cendre Que rien n’arrive à consumer.
Les veuves… les veuves… depuis longtemps se sont tues…
Les veuves… les veuves… tuent le temps comme il les tues.
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