Il faut qu'elles nous mentent

Puisqu'ils sont dans le paysage

Comme des soldats qui dévisagent

La vérité sans s'émouvoir.

Parce que la raison du plus fort

Nous avantage au corps à corps,

Elles ont bâtit des tours d'ivoires

D’où s’éloignent les quais de gares…

Puisque les hommes ont sur les mains

Le sang de bien des lendemains;

Malgré tout, si peu de courage.

Parce qu’après qu’ai coulé le vin

On s'arrange avec le destin

Qui rend si durs tant de visages,

Il nous reste à aimer nos cages...

Alors il faut qu’elles nous mentent,

On l’a bien mérité !

Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente…

On fait semblant… d’les écouter.

Alors il faut qu’elles nous mentent,

C’est pas la vérité

Qui fait qu’on rit ou qu’on chante,

Qui fait l’sentiment… d’exister.

Puisque nous n’aurons de repos

Après nos guerres, tombés de haut

Que les bras las de nos compagnes.

Parce que dans nos maisons l’écho

Ira de murmure à sanglot

Quand la folie vaincue s’éloigne

De nos châteaux morts en Espagne.

Alors il faut qu’elles nous mentent,

On l’a bien mérité !

Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente…

On fait semblant… d’les écouter.

Alors il faut qu’elles nous mentent,

C’est pas la vérité

Qui fait qu’on rit ou qu’on chante,

Qui fait l’sentiment… d’exister.

Parce que la liberté n'est pas,

Qu'elle s'égare au bout de nos pas…

Comme elle se rit de nos retours.

Puisqu'on se rêve plus qu'on se vit

Dans le brasier de nos envies.

Et que l'enfance est là toujours  

A saigner entre nos amours.

Alors il faut qu’elles nous mentent,

On l’a bien mérité !

Qu’il pleuve, qu’il neige ou qu’il vente…

On fait semblant… d’les écouter.

Alors il faut qu’elles nous mentent,

C’est pas la vérité

Qui fait qu’on rit ou qu’on chante,

Qui fait l’sentiment… d’exister.